Le 7 avril dernier, dans le cadre des Rencontres capitales de l’Académie des Sciences de Paris, a eu lieu un débat nécessaire, autour d’une grande question : « Quelle culture, quel patrimoine, pour les sociétés en mutation ? » – autrement formulée encore : « Comment penser la démocratie culturelle 3.0 ? »

Ce débat, animé par Robert Kopp, a permis d’entendre les avis de Fabrice Bousteau, Directeur de Beaux Arts Magazine et scénographe, Laurence des Cars, Présidente de l’établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie, Jérôme Clément, Ancien président d’Arte, ancien président de la Fondation Alliance française, Diane Dufour, Directrice du BAL- Espace d’Art et d’Images, et Nicolas Grimal, Égyptologue, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Il a été l’occasion de penser ensemble, ou côte à côte, la question culturelle comme une question politique, mais également comme un enjeu proprement humain, et d’aller ainsi de sa définition à sa mise en pratique, de son idéal à sa réalité complexe. Sans oublier ses ouvertures, avec notamment l’intervention de Fabrice Bousteau :

« La culture, avant toute chose, c’est ce qui définit l’homme, et l’humanité. On sait aujourd’hui, et c’est un point bémol… les scientifiques se rendent compte que d’autres espèces vivantes, les arbres par exemple, développent des cultures, et qu’entre un arbre et un autre, il peut y avoir des échanges culturels. Mais ce qui définit avant toute chose l’homme et l’humanité, c’est la culture. La culture, c’est ce qui nous lie et ce qui nous oppose. La culture, c’est notre passé et c’est notre devenir ».

« Individu et collectivité », « identité et politique », tels que désignés par Robert Kopp, précisant que « peut-être », « au début de toute culture, se trouve la sépulture », sont au cœur de cet enregistrement.

Nous vous invitons donc à regarder ce débat, qui passe par bien d’autres définitions et redéfinitions, certitudes et tâtonnements, autour de l’art, du numérique, des musées, du monde et sa diversité.

Laurence des Cars était venue nous parler, en 2003 et 2014, de Vuillard, puis de Courbet.

En septembre, c’est Bruno Chauffert-Yvart qui viendra nous parler d’une autre question patrimoniale, la « Renaissance des jardins de Chambort ».

Quelle culture, quel patrimoine, pour les sociétés en mutation ?

La culture n’a jamais été aussi présente que depuis l’apparition du web et des réseaux sociaux – une omniprésence dont ni les politiques, ni les industries culturelles, ni les artistes n’ignorent les enjeux même si les fortunes sont diverses. Le web est un outil formidable pour favoriser l’accès à la culture, au patrimoine et à l’expression artistique. Grâce à la numérisation des collections qui participe au dépassement des barrières socioculturelles et à l’appropriation des œuvres par le plus grand nombre, il existerait en outre un lien entre la consommation électronique et les pratiques culturelles. En d’autres termes, Internet ne se substituerait pas au musée mais inciterait bien de nouvelles populations à s’y rendre. Dès lors comment expliquer, que la moitié de la population soit encore exclue de la culture ? L’État doit-il refonder sa politique culturelle en profondeur et notamment davantage asseoir sa présence à l’écart des grandes métropoles ? Le succès du Centre Pompidou-Metz mais aussi des festivals qui fleurissent dans tout le pays sont là pour le rappeler, le Soft power fait ses preuves dès lors qu’il s’agit de revitaliser un territoire. Comment rompre avec « l’aristocratie culturelle » ? Comment penser la démocratie culturelle 3.0 ? Comment par ailleurs continuer à se servir des nouvelles technologies pour explorer la culture et le patrimoine à l’image des égyptologues qui partent à l’assaut de mystères vieux de plusieurs milliers d’années dans le secret des pyramides (cf. la mission ScanPyramids) ? Et dans les pays émergeants, comment sauvegarder un patrimoine unique et fragile face à l’hyper industrialisation et urbanisation qui détruits comme en Chine des quartier entier avec leur Histoire ?