Balthus entre Rilke, Jouve et Artaud

J’ai connu Balthus par Pierre Jean Jouve. Je pouvais admirer chez lui à loisir deux grands tableaux : Alice (aujourd’hui à Beaubourg) et Thérèse. C’était dans les années 1970. Je venais de commencer mon enseignement comme professeur à l’université de Bâle et préparais avec Dominique de Roux le Cahier de l’Herne sur Jouve. Il en est résulté plus tard le film sur Jouve dans la série de Bernard Rapp, « Un siècle d’écrivains », que j’ai réalisé avec Olivier Mille. Balthus y apparaît brièvement, malgré la distance qui le séparait alors du poète, avec qui il avait entretenu une longue correspondance peu avant et après la Deuxième Guerre. Je l’ai publié dans le catalogue de l’exposition Balthus de Venise. Il n’est pas le seul grand écrivain à avoir jouer un rôle dans la vie et la création de Balthus. Ses débuts ont été placés sous le signe de Rilke, l’amant de sa mère. Et sous ceux d’Artaud, pour qui il a fait les décors des Cenci, et avec qui il a partagé un sens certain de la cruauté.

R. K.