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Ruptures et continuités

« Héritage et innovation » : tel est le titre sous lequel nous avons placé les huit conférences qui sont d’ores et déjà programmées jusqu’à la fin de 2018. En effet, c’est respectueux du passé que nous voulons préparer l’avenir. Nous ne sommes pas gens de rupture, mais de continuité constructive. Je n’aurais peut-être pas plaidé pour le même équilibre, pour le même dosage il y a cinquante ans. L’heure était alors au conservatisme et on comprend mieux rétrospectivement les mouvements de contestation qui ont marqué la fin des Trente Glorieuses. Mais un demi-siècle de déconstruction a mis à mal cette civilisation européenne qui a dominé le monde pendant cinq siècles. Nous la voyons désormais s’écrouler sous nos yeux et il ne nous reste plus que des morceaux de ruines à sauver.

Parmi ces vestiges d’un splendide passé figurent d’innombrables monuments, des églises, des monastères, des châteaux, des théâtres, des places publiques, des demeures privées. Tout ce que, depuis Mérimée, on commence à inventorier sous le nom de patrimoine. Un patrimoine matériel auquel s’ajoute l’immense patrimoine immatériel créé par nos grands penseurs, écrivains, poètes, musiciens. Ce seront donc quelques exemples choisis de chefs-d’œuvre auxquels nous nous arrêterons pour mieux les connaître et pour nous demander ce qu’ils signifient pour nous aujourd’hui. Quand nous visitons le passé, nous ne visitons pas des cimetières, comme font les touristes, nous voulons nous réapproprier notre héritage, car il est constitutif de notre identité.

La culture et la civilisation françaises existent, contrairement aux affirmations de certains multiculturalistes. Le répéter ne signifie pas plaider pour l’ouverture, pour les échanges, pour l’enrichissement mutuel. Mais une culture, une civilisation ne peuvent prospérer que dans le partage du plus grand nombre. Ce qui n’enlève aucun droit à des minorités. En revanche, ce qui est mortel, c’est la juxtaposition de communautés qui s’ignorent.

Le cinquième centenaire de Chambord sera donc l’occasion de réfléchir avec Bruno Chauffert-Yvart sur le comment et le pourquoi d’un monument unique dans l’histoire de France, sur la vie de chef-d’œuvre de l’architecture de la Renaissance à travers les siècles et sur ce qu’il peut devenir demain.

À l’autre extrémité de notre cycle, ce sera le Château de la Punta au-dessus d’Ajaccio, construit par les Pozzo di Borgo, grands ennemis de Napoléon Ier, avec les pierres récupérées après l’incendie des Tuileries en 1871 : nous retrouverons ce château au travers du nouveau roman d’Adrien Goetz. Un parcours ponctué par maintes étapes passionnantes…

En attendant notre première rencontre, pourquoi ne pas lire ou relire le petit livre très stimulant de Roland Recht, professeur au Collège de France et ancien directeur des musées de Strasbourg, Penser le patrimoine, Hazan, 2016 (dont on trouvera, mis en ligne, le compte rendu dans Revue des Deux Mondes de septembre 2016).