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Le temps des mutations

Nos conférences collent à l’actualité. Qui en aurait douté ? Vous aurez donc vu que Jean-Pierre Le Goff, qui sera notre invité le lundi 15 octobre, vient de recevoir le prestigieux Prix Pétrarque de l’Essai décerné par France Culture et Le Monde pour le livre qui précisément fera l’objet de son intervention chez nous : La France d’hier. Récit d’un monde adolescent. Ce matin même, 9 juillet, il a été interviewé par Olivia Gesbert. Vous pourrez réécouter cette émission et tapant Jean-Pierre Le Goff Prix Pétrarque France Culture.

Le livre de Jean-Pierre Le Goff analyse, à travers son histoire personnelle, le changement de civilisation que nous sommes en train de vivre depuis une cinquantaine d’années. Au sortir de la Deuxième Guerre, la France était très largement encore la France du XIXe siècle, celle décrite par Balzac et par Zola, et qu’on retrouve chez Jules Romains et Roger Martin du Gard. Sans parler de la Gloire de mon père de Pagnol, un des best-sellers de l’après-guerre, popularisé par le cinéma et la télévision.

En 1955, elle comptait encore 2,3 millions d’exploitations agricoles ; en 2013, il en restait 450’000. Dans la même période, le nombre de bacheliers a été multiplié par dix, passant de 10% d’une classe d’âge à près de 80% et dépassant aujourd’hui les 700’000 candidats. Parallèlement, le taux d’emploi des femmes entre 15 et 64 ans est aujourd’hui de 67% (contre 75 pour les hommes) ; il était quatre fois moins élevé dans les années cinquante. Ce ne sont là que quelques indices tirés de la démographie ; les changements survenus dans l’éducation, dans le domaine de la culture seraient également à prendre en considération.

Jean-Pierre Le Goff a vécu cette mutation qui est une véritable mutation anthropologique dans sa Normandie natale à partir des années cinquante. Il a observé la dissolution progressive des structures verticales et des solidarités traditionnelles et le passage à une société horizontale – une société liquide dira Zygmunt Bauman et après lui Umberto Eco – et de consommation où seul compte l’individu et son accomplissement supposé. Changements qui se sont accomplis très vite, le temps d’une génération, alors que les sociétés précédentes reposaient sur plus ou moins les mêmes principes depuis des siècles. D’où cette « insécurité culturelle » à laquelle Laurent Bouvet a consacré un livre important il y a quelques années déjà et dont le Président Macron vient de reprendre les termes dans son discours de ce jour devant le Congrès.

Nous sommes donc au cœurs des problèmes non seulement de la société française, mais des sociétés européennes d’aujourd’hui…