Les mondes de Bâle
Une vue aérienne de Bâle le montre à l’évidence : notre ville ne forme qu’une seule et même agglomération avec Saint-Louis. Et la même chose est vraie pour Lörrach. Chaque matin, des dizaines de milliers de frontaliers viennent travailler à Bâle, venant de la France voisine et aussi d’Allemagne. Toutefois, deux frontières coupent en trois ce qui forme un tissu urbain continu, dont les différentes parties sont désormais reliées par les transports en commun, et une communauté humaine, où les contacts et les échanges sont permanents.
Pourtant, cette proximité géographique et ces passages incessants d’un côté comme de l’autre de la frontière ne doivent pas nous faire oublier que nous avons affaire à trois mondes que beaucoup de choses séparent : la langue, les mœurs, le système scolaire, le droit, l’administration, la culture, la conception de l’État. On ne finirait pas d’énumérer tous les domaines où les notions ne sont pas les mêmes, où les mots n’ont souvent pas le même sens.
Comment un responsable politique vit-il cette différence au quotidien ? Quels sont les terrains d’entente, quels sont les sujets d’incompréhension qu’il rencontre ? Que signifie pour lui le terme de « frontière » ? Dans quelle mesure est-elle effective ? À quels niveaux se situent les barrières ? Dans quelle mesure n’existeraient-elles que dans les têtes ?
Depuis des années, de nombreuses commissions transfrontalières s’efforcent de fluidifier les échanges. Pourtant, dans les cafés de Saint-Louis, on ne lit guère la Basler Zeitung et parmi les journaux que proposent nos kiosques, L’Alsace est loin de figurer à la première place. Il suffit de penser à la dernière édition du « Forum du Livre » de Saint-Louis, où Bâle fut l’invité d’honneur. Les Bâlois présents sur place se comptaient sur les doigts d’une main et les autorités brillaient par leur absence. De là à penser qu’il reste beaucoup à faire pour une meilleure compréhension mutuelle, il n’y a qu’un pas. L’invitation que nous avons adressée à Jean-Marie Zoellé voudrait y contribuer.
À celles et à ceux qui ont envie d’aller un peu plus loin, on recommandera les ouvrages d’Antoine Mislin (Imprimerie de Saint-Louis, 1999) et de Paul-Bernard Munch (Coprur, 1995).