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Des archives à nos jours

Sapere aude

Chers membres de la SEF,

La conférence de Didier Ottinger est désormais en ligne, voici le lien qui vous y conduit.

Mais elle n’est en ligne que partiellement, car nous avons dû la condenser pour des raisons juridiques : impossible de montrer toutes les images utilisées sans payer des droits exorbitants. Hopper est mort en 1967 et il ne tombe dans le domaine public qu’en 2037… Bientôt, la SEF devra s’attacher un avocat pour savoir quelle est sa marge de manœuvre. J’essaierai donc d’inviter aussi vite que possible Emmanuel Pierrat, qui vient de publier un excellent livre sur L’auteur, ses droits et ses devoirs (Gallimard, 2020, coll. « folio »). 

Mais trêve de plaisanterie ! Nous continuerons à enregistrer les meilleures de nos manifestations puisque nous nous sommes équipés pour le faire. Ainsi, vous pourrez non seulement vivre à distance nos soirées, mais aussi les réécouter si le cœur vous en dit. Entendons-nous ! Ces enregistrements sont un complément qui s’ajoute à notre programme, elles ne remplacent pas nos rencontres qui demeurent essentielles. Loin de nous l’idée que les contacts virtuels remplacent les échanges humains. Ils demeurent essentiels !

La peste chinoise nous en a fait prendre conscience. Notre civilisation, depuis Platon, repose sur le dialogue. Ce n’est pas par hasard qu’à l’origine de la philosophie occidentale il y ait cette forme très particulière d’interaction, qui est le contraire d’une vérité assénée. C’est le questionnement, c’est l’interrogation, c’est le doute qui sont à la base de toute réflexion, à l’origine d’une pensée différenciée, nuancée, argumentée. On ne saura trop le répéter à l’époque où le monde est gouverné par des affirmations, souvent fausses d’ailleurs, de cent-quarante signes. Le tweet est la honte de la pensée, le degré zéro de l’intelligence !

Nous continuerons néanmoins, malgré le contexte d’un obscurantisme grandissant, de maintenir haut et fort l’idéal des Lumières telles que les a définies Kant : « La sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. » Et il ajoutait : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières. » A l’époque des infox, des théories complotistes en tout genre, nous tenons à renouer avec la tradition des fondateurs de la Lesegesellschaft, qui se sont réunis pour constituer un foyer d’intelligence critique. Faisant de nécessité vertu, nous sommes heureux de pouvoir organiser nos premières réunions dans ces lieux chargés d’histoire. Un rappel de ce que fut le Ranz-des-Vaches pour nos ancêtres ouvrira la saison et nous permettra de rencontrer une jeune historienne suisse venant de Fribourg. 

Mais auparavant, nous aurons l’occasion d’une excursion dans la francophonie lointaine avec Makenzie Orcel, jeune écrivain haïtien, qui nous parlera de la littérature du son pays et de son travail au  milieu des œuvres d’une douzaine d’artistes contemporains des Caraïbes. Ce sera le mercredi 16 septembre, à 18 h, à la toute nouvelle Kulturstiftung Basel (Spitalstrasse 18), une événement organisé conjointement avec l’Alliance française, comme le fut la conférence de Didier Ottinger. D’ici là, je vous souhaite un bel été. Prenez soin de vous !

Robert Kopp